Lever tôt encore en
ce matin du mercredi 11 juillet. Probablement à cause du changement
d’heure hier lorsque je suis entré au Wisconsin. Étant convaincu
qu’il était presque 6h PM lorsque je suis arrivé au camping hier
soir, je regarde mon cellulaire pour m’apercevoir agréablement
qu’il n’était même pas 5h.
Mais ce matin. Mon
corps me dit qu’il est prêt à entamer ma 4ième journée sur la
route. Un autre 500km environ qui me fera passer par la région de
Green Bay WI en longeant à nouveau le lac Michigan pour ensuite
bifurquer vers l’ouest en traversant la rivière Mississippi à
Dubuque IA vers mon prochain camping dans la région de Cedar Rapids
IA.
Après un bon
déjeuner et café tout en ramassant mon équipement de camping,
j’emprunte la route 151 qui sera la même presque jusqu’à ma
destination. Le temps est superbe et la moto réponds parfaitement
bien à tous mes désirs. Les points de vue sur le lac Michigan sont
fréquents et j’en profite pour opérer ma GoPro que mon beau fils
Jocelyn m’a gentiment prêté pour le voyage. J’ai bien hâte de
voir le résultat car les boutons de contrôle ne sont pas évidents
à opérer avec des gants de moto mais je m’y habitue.
Moment de grâce... |
Je traverse Green
Bay sans aucun retard. Pour ceux qui connaissent un peu le football
américain, c’est la ville des fameux Packers et c’est assez
évident en voyant tous les fanions et plaques d’immatriculation
que l’on voit partout. Le terrain est de plus en plus plat jusqu’à
la limite du Wisconsin mais ça devient beaucoup plus en valons
dès que l’on atteint le fameux Mississippi
qui sépare l’Iowa
du Wisconsin. On dit que dès qu’on traverse la rivière, c’est
le début du Mid-West américain et ses grandes terres à perte de
vue. Et c’est effectivement le cas en sortant de Dubuque IA.
La musique me tient
compagnie et le trafic est très léger. La route demeure encore
légèrement vallonnée mais les immenses champs de maïs et soya à
perte de vue nous envahissent carrément. La surface est en béton
lisse et on sent que le son du roulement est différent de celui de
l’asphalte. Je roule à 110km/h et mon esprit est libre de toute
pensée.
Soudain, je perçois
un bruit bizarre venant de l’arrière de la moto qui me semble
suspect. Je relâche les gaz ainsi que l’embrayage et le bruit est
toujours présent. J’accélère de nouveau et le bruit devient plus
fort. Houston, I think we have a problem.
C'est là que je suis échoué...
C'est là que je suis échoué...
Je
sais que ce n’est pas une crevaison, le feedback n’étant pas le
même, et je crains le pire… c’est probablement le différentiel.
Je me range sur le côté et aperçois une sortie à environ 200m. Je
mets la moto sur son pied central et tourne la roue arrière pour
entendre ce clic, clic qui me confirme mon appréhension. Le
différentiel m’a lâché et je suis échoué
dans le milieu de nulle part à environ 12 milles à l’ouest de
Dubuque…
Première
réaction, je sors mon répertoire des membres BMWMOA et essaie de
rejoindre un de ceux situé dans la périphérie afin de voir s’ils
peuvent me porter assistance. Il est autour de 16:00h. et
personne ne répond présent. Je me tourne donc vers le service
d’assistance CAA/AAA. Après un délai interminable, on m’informe
que je ne suis pas couvert pour un remorquage dans l’état (Iowa)
ou je me situe. Ahrr!!!
Pendant
ce temps, un patrouilleur shérif s’arrête derrière ma moto et
s’informe de ma situation. Et c’est finalement ce chic policier
qui va me trouver un remorquage. L’attente est quand même longue,
le soleil tapant et la
chaleur m’accablent et le policier m’offre de monter dans son
véhicule. Assis sur le siège arrière dans l’air climatisé, nous
conversons à travers cette grille métallique qui nous sépare en
attendant la remorqueuse. Drôle
de sensation que d’être dans un espace où normalement on y est
invité pour une toute autre raison. Finalement,
la remorque
se présente après au moins 45
minutes. Et bien, ce même policier reste sur place et nous aide même
à fixer la moto sur la plate forme.
Il
partira seulement quand tout est terminé. Il s’appelle Rob et est
agent de police pour le comté de Dubuque IA. Je lui serre la main en
le remerciant chaleureusement de sa grande disponibilité
et patience.
Je n’ai pas trop
le choix. Sachant que le problème de la moto (différentiel) ne peut
être réparé que par un concessionnaire BMW, je dirige le
remorqueur Mitch à Iowa City à quelque 80 milles d’où nous
sommes tout en sachant pertinemment que ce ne sera pas à rabais!
Il est passé 10h.
PM lorsque le remorqueur me dépose dans un hôtel non sans avoir eu
le bonheur d’assister à un des plus beaux couchers de soleil de ma
vie. Le rouge feu du soleil était tellement spectaculaire que même
Mitch qui en a vu d’autres m’a confié que celui-ci était tout à
fait unique.
Comme quoi dans
toute mésaventure, il faut se tourner vers ce qui nous émerveille
et relativiser ces petits malheurs.